James Galvin – Prairie

« Lyle m’a dit que, pendant les nuits d’hiver les plus froides et les plus immobiles, chaque étoile faisait entendre sa propre musique. Il m’a dit qu’il savait quelles notes provenaient de quelles étoiles. Il ne les entendait pas tout le temps, seulement l’hiver, et puis, une fois qu’il a eu soixante ans, il a reconnu tristement qu’il ne les entendait plus. C’est l’âge, j’imagine. Mais quand il a dit qu’il entendait les étoiles, il n’exagérait pas. En fait, il se demandait si je n’allais pas penser qu’il était toqué, même s’il savait qu’en trente-cinq ans je ne l’avais jamais entendu dire autre chose que la vérité absolue, pour autant qu’il la connaissait. Si Lyle disait qu’il entendait les étoiles, c’est qu’il entendait les étoiles. La seule raison qu’il avait d’en parler, c’est que c’était nouveau pour lui, cette histoire de musique des sphères.

Une autre fois, occupé à trier des vieux boutons dans une boîte de cake anglais, il m’a raconté qu’un jour, en hiver, il marchait au plus profond des bois, sa hache à la main. Il entendit arriver le vent, qui tourbillonnait dans les cimes des arbres. Il l’entendit se rapprocher et atteindre les branches qui étaient au-dessus de lui. Au moment où le vent se ruait à l’assaut des arbres, Lyle a senti le vent qui le traversait de part en part comme s’il n’était pas là. »
James Galvin, traduit de l’anglais par Brice Matthieussent, « Prairie », 2001.


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